Troisième partie : l'institut Agroprom

A mon arrivée, au bord de la route et près du tunnel de la voie ferrée que j'ai suivie depuis la décharge, le bruit assourdissant de deux hélicoptères de combat me comprime les tympans.

Apocalypse Now, scène d'ouverture. Concerto pour pales d'hélicoptère en mort mineure.

Je crois que mon cerveau va éclater, mais j'arrive encore à entendre les beuglements des communications radio que mon PDA a captées et qu'il me retransmet dans un charivari de voix et de parasites des ondes.

Faudrait sérieusement que je me remette au russe, mais j'ai pu saisir quelques mots : Agroprom, attaque, imminent, renforts, stalkers.

L'urgence de la situation ne m'échappe pas et je me débarrasse des dernières vapeurs de sommeil qui voilaient mon esprit. Les rayons du soleil levant, qui commencent à darder à l'horizon, finissent d'ouvrir mes yeux et mon esprit. Alors que je commence à trotter sur la route tout en dégageant l'AK de mon épaule, ma tension nerveuse s'emballe et mon cœur accélère son pompage.

Zone, prend ma vie, je ne suis plus dans la décharge, je peux mourir comme un homme.

Mon esprit est maintenant aussi vif et glacé que l'azur naissant. Alors que les premiers bruits de la bataille qui fait rage parviennent à mes oreilles, ma perception atteint alors un stade que j'ignorais jusque là. Il me semble pouvoir voler au dessus de l'institut, mon instinct me hurle de toute ses forces que les stalkers font reculer les quelques militaires déjà en faction dans la cour, mais que des renforts de l'armée arrivent sur le côté gauche. Derrière le mur d'enceinte et sous la couverture de blocs de béton, ils comptent prendre les assaillants à revers.

60 mètres

Le flash n'a duré qu'une fraction de seconde mais je me retrouve dans un état second : un homme court à quelques pas devant moi, vers les bâtiments, en hurlant quelque chose que je ne saisis pas. J'ai trouvé mon second souffle, je sprinte maintenant comme si je volais au dessus de l'asphalte. Mes doigts, serrés sur mon AK, sont brûlants malgré la température du petit matin. J'ai un goût cuivré dans la bouche, un goût de sang.

50 mètres

Pour les silhouettes que j'aperçois un peu plus loin, les secondes sont comptées, je sais que de l'autre côté du mur d'enceinte, cinq, peut-être six militaires lourdement armés vont surgir de derrière les blocs de béton et enfoncer leur flanc.

40 mètres, 30 mètres

Un tintement de métal à ma ceinture, une grenade, une idée

20 mètres

Je lâche mon AK dont la sangle, avec la vitesse de ma course, s'enroule autour de mon épaule et l'arme viens ballotter dans mon dos. Je décroche à tâtons le fruit de mort qui pend au dessus de mon aine, au dessus de l'autre fruit, celui qui a donné vie à ma fille, ma pauvre fille, créature née de l'union de la Zone, d'une femme et d'un homme.
De la main gauche j'attrape la crosse de mon AK pour le stabiliser, de la main droite je tiens la grenade, j'arrache la goupille avec mes dents.

10 mètres

Je ferme les yeux et, en bout de course, lance la grenade par dessus l'enceinte de l'institut, là où je crois que sont les militaires.
Je sais qu'ils sont là.
je sais.
Les yeux fermés, je les vois à travers le mur.

L'explosion secoue les airs. Une deuxième secousse, celle d'un bidon de carburant probablement, fait trembler le mur qui tient bon, et des fragments de béton et de métal lacèrent l'espace.
Dans le silence absolu qui s'est fait dans mon crâne, mes tympans encore sous le choc, je perçois deux choses avec une lucidité effrayante :
- Les battements de mon propre cœur,
- Les cinq points gris qui viennent d'apparaître sur mon radar, de l'autre côté du mur.

Cinq points gris, cinq PDA hors-service, cinq âmes pour la Zone.

Un hélicoptère passe et hurle sa rage, d'autres renforts vont arriver, il est temps de récupérer la Taupe et de déguerpir. Je me baisse et ramasse cinq fusils automatiques que j'entasse à la hâte et enroule dans le turban d'une bidasse. Je verrai bien lequel est en meilleur état, mais plus tard : pour l'instant il faut filer. Mon fagot de bâtons cracheurs de feu sous le bras, je laisse les stalkers au moral gonflé à bloc venir en aide à la Taupe et, enjambant les cadavres éparts, je fonce vers le fond de l'institut.

La Taupe me rejoint et m'indique que les réponses aux questions que je me pose se trouvent là, sous terre, dans un obscur souterrain qui commence par une descente d'échelle. Derrière moi, d'autres soldats descendent en rappel d'un hélicoptère, sur les toits de l'institut. J'ai eu ma dose de sang pour ce matin. Je jette mon encombrant fagot au fond du trou et agrippe le premier barreau...



Bilan :

Equipement

- De la bouffe en bonne quantité, les soldats sont bien nourris, et ceux qui les tuent de même.
- Une arme de poing améliorée
- Un fusil à pompe amélioré, avec pas mal de cartouches (salaire d'un boulot pour le gros)
- Une petite mitraillette (la viper) avec deux chargeurs.
- Une kalash de base avec près de 250 balles
- 5 AKm plus lourds mais plus précis, je ferais le tri à l'abri dans le souterrain... en sécurité ?
- une veste de bandit améliorée avec une meilleure résistance aux impacts de balles.
- Mon duvet
- Quelques medkits, quelques bandages, les militaires sont vraiment chouchoutés... avant d'arriver dans la Zone bien sûr.
- 2 grenades offensives

Moments de stress

- Aucun


Moments chauds


- La Sainte Grenade d'Antioch (à fragmentation, ma dernière) qui fit voler toute résistance militaire et mit fin à leur contre-offensive sur le flanc.

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