Cinquième partie : le bâtiment administratif Agroprom

Le réveil est douloureux, mon épaule me fait encore mal, mais l'hémorragie s'est arrêtée depuis longtemps. La blessure est superficielle, mon épaulière a bien absorbé le choc et la balle n'a fait qu'effleurer le muscle avant de ressortir.
Je mange un morceau pour reprendre des forces, il est maintenant 00h45 et le moment me semble bien choisi pour sortir de ces maudits souterrains et aller chercher les documents qui doivent se trouver quelque part dans les bâtiments administratifs du centre.

La sortie donne directement au milieu de la cour. L'obscurité est totale, un mince nuage masque la lune... quelques secondes seulement.
La clarté blafarde de celle-ci sort soudain de sa gangue de vapeur et un rayon blanc vient frapper le canon de mon arme au moment où je prend appui sur le rebord du puis.

Une balle passe à quelques mètres de moi, un tireur embusqué dans une tour m'a repéré. Son adresse au tir laisse à désirer, avec les ténèbres qui m'entourent, mais pour une entrée discrète - sur laquelle j'avais tout misé - c'est raté.

Pas de temps à perdre avec lui, je sprinte vers le premier bâtiment que j'aperçois, avant de brusquement piquer à gauche.
Merde ! Une sirène se met à hurler, et peu après des lampes s'allument un peu partout et commencent à danser dans les buissons et sur les murs des baraquements.

J'entends les soldats se mettre à crier des ordres et qui commencer à me chasser. je me replie à l'angle du grand bâtiment central dans lequel les documents se trouvent, selon les indications du gros Sidorovitch. Les lampes se rapprochent, et un homme surgit au coin en courant. Je l'abats d'une rafale en pleine tête et serre les dents.
Le second à passer le coin est beaucoup plus prudent. Sans sa lampe frontale bêtement allumée je ne l'aurai jamais vu ni entendu arriver car il avait pris la précaution de s'accroupir. Encore 5 hommes le suivent, et je mitraille comme un fou, dos au mur. Lorsqu'ils tombent à mes pieds, leurs doigts crispés lâchent parfois une ultime salve, et des fragments de béton arrachés au mur me pleuvent dessus.

Pas un mot de part ni d'autre, juste l'échange brutal des armes à feu qui résonne dans la nuit. Un des nombreux chants de mort de la Zone. Instrument solo : la sirène qui semble ne jamais s'arrêter.

Je dois recharger, mais d'autres hommes approchent, je tente le tout pour le tout et bondis par une fenêtre ouverte, à l'intérieur du bâtiment.

A nouveau le silence, lacéré par le ouiouin de la sirène. Puis des voies s'élèvent : Sors Stalker ! Où est-il ? Samy, Jack, faites le tour et coincez-moi ce fumier !
Intérieurement, je prie pour un blowout : j'ai quelques anti-rads dans une poche latérale de mon sac et je tiendrais sûrement mieux le coup que ces bidasses.

Mais rien ne laisse présager la tempête, le temps est au contraire affreusement calme, et l'institut est baigné d'une blancheur livide.
A l'intérieur de l'immeuble des voix se font également entendre, pas le temps de lambiner : si ces chers Samy et Jack font le tour pour entrer par devant et que leurs copains descendent les étages, je serais pris entre deux feux.

Couloir principal, personne, les deux compères ne sont pas encore arrivés. Je prends à tout hasard l'escalier de droite.
Une volée de marches, puis une autre, premier étage. La sirène me vrille les tympans. Un homme gronde un juron derrière un tas de caisses, il me semble entendre des voix qui viennent d'en bas, je continue mon ascension.
Une volée de marches, puis une autre, deuxième étage.
Une volée de marches, puis... une silhouette, une ombre à forme humaine qui se découpe sur la fenêtre de l'escalier. Tous deux retenons notre souffle, jusqu'à ce que celui, rauque, de mon AK retentisse et envoie l'ombre désarticulée voler par la fenêtre.
J'imagine la tête de ses camarades lorsqu'ils vont le voir s'écraser à leur pieds. La sirène me rend fou.

Comme entrée discrète, on a fait mieux.

Encore trois volées de marches et je suis sur le toit. J'avise le haut parleur qui n'en fini plus de beugler et le réduis au silence d'une balle bien placée.
Bien, on redescend.
De retour sur le palier du troisième étage je me précipite et m'empare de la valise de documents, l'accroche en hâte à un mousqueton de ma ceinture. S'il n'y a que des revues pornos là-dedans, Sido, tu es un homme mort.
Les voix se font pressantes en dessous, les militaires savent très bien ce qui a stoppé l'alarme et ont décidé de réduire au silence le trouble-fête. Retour sur le toit, vue imprenable. Un hélicoptère me rase et hurle des indications aux chiens de l'armée.

Mes yeux cherchent désespérément une issue à ce guêpier, quand la lune réapparait encore, cette fois-ci pour m'indiquer les premiers barreaux d'une échelle de secours qui court le long du mur extérieur jusqu'au sol.
Je me jette sur celle-ci en faisant glisser les rampes entre mes doigts. Pratiques ces mitaines en treillis.
Au passage je vois par les fenêtre toute une escouade qui se précipite vers le toit. Amusé par le spectacle, je manque de me rompre le cou : l'échelle s'arrête trois bons mètres au dessus du sol.

Réception sur mes genoux fléchis et mains au sol, je bondis en détendant mes quatre membres et je file par une brèche de l'enceinte extérieure.

Entrée en fanfare, mais sortie en velours. Me voilà courant dans l'herbe, tandis que derrière moi éclatent les jurons des militaires arrivés sur le toit.
Un gros nuage masque désormais la lune et devant moi s'étend une Zone d'encre de chine.


Zone de nuit, Zone de ténèbres, Zone d'ombre... Ombres mouvantes. Résister à l'envie d'allumer sa torche demande un certain contrôle de soi.

Je contourne les renforts qui arrivent par la route, de toute façon ils semblent bien occupés par un stalker solitaire qui a décidé de dormir d'un sommeil de plomb.

La décharge : je fais le tour et évite les quelques bandits qui somnolent. A l'avant-poste du Devoir, j'écoute un des hommes chanter une ballade à propos d'une maison et d'une femme qu'il ne reverra probablement jamais. Mes nerfs se détendent je décide de finir la nuit par quelques heures de sommeil dans le wagon abandonné.

Quand il fera jour, j'irai faire une visite au bar, premier vrai asile après le village du cordon. J'espère bien me refaire une santé et un moral d'acier une fois là-bas.




Bilan :

Equipement

- Deux boîtes de conserve et un pain pour demain matin.
- Une arme de poing améliorée
- Mon fusil à pompe amélioré à deux coups.
- Une petite mitraillette (la viper) avec deux chargeurs.
- Un AKM personnalisé avec seulement deux chargeurs.
- une veste de bandit améliorée avec une meilleure résistance aux impacts de balles.
- Mon duvet
- 6 medkits, (j'en ai trouvé pas mal dans la planque), quelques bandages.
- 4 grenades offensives. 3 défensives.

Moments de stress

- La sortie du souterrain, avec un soldat qui m'a repéré immédiatement.
- La visite des étages du bâtiment administratif, avec des voix dont on ne sait pas si elles viennent du dessous au du dessus.

Moments chauds


- Le carnage à l'angle du mur.

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