Huitième partie : le raid contre la Liberté.

L'enthousiasme des soldats du Devoir fait plaisir à voir, mais je ne le partage pas. Leur chef me tend une oreillette par laquelle nous communiquerons durant l'opération. L'un de ses hommes arme une charge de C4 qui a été disposée contre le mur arrière de la base de la Liberté. Le cadavre du soldat qui a posé cette charge semble se moquer de moi, avec son rictus déformé lui découvrant les dents. Un instant mon regard plonge dans les ténèbres de ses yeux grands ouverts.
Je me tiens accroupi le long des remparts et attends l'explosion en serrant mon fusil contre moi, tête baissée.

Je n'ai rien contre ces types de la liberté. Comme tous les anarchistes, dans le fond, je les trouve même assez sympathiques, bien que leur idéologie ne peut se fonder que sur une espèce humaine meilleure qu'elle n'est aujourd'hui. Leur présence en ses lieux me laisse toutefois penser que leurs idéaux doivent s'être altérés - ou corrompus - au contact de la Zone.

L'explosion est d'une violence inouïe. Le vacarme est repris en écho au loin et j'espère que les mutants que j'ai aperçu tout à l'heure ne seront pas attirés par le bruit.

- A L'ASSAUT !!! hurle le chef, alors que deux de ses hommes franchissement le trou ouvert par le C4, au milieu d'un épais nuage de fumée et de particules de ciment. je prends une profonde inspiration et me jette de l'autre côté du mur, sur une pente douce qui descend vers les bâtiments. Partout je vois des hommes armés qui courent vers nous en criant, les balles commencent à siffler à mes oreilles. J'entends deux détonations bien plus puissantes que les autres bruits d'armes automatiques. Snipers.

Le chef vocifère dans mon oreillette :
- Numéro sept ! NUMERO SEPT EN COUVERTURE AILE DROITE !!!!!
- NUMERO CINQ, COUVERTURE AILE GAUCHE !!!!
- STALKER, LES SNIPERS !!! ONZE HEURES,TREIZE HEURES, QUATORZE HEURES DESCENDS-MOI CES PLANQUES !!!
- LES AUTRES, AVEC MOI !!! GO GO GO GO GO !!!

Au raz du sol, les épaules continuellement rasées par les balles, j'épaule et ouvre le feu sur les cibles qu'il me désigne. Mais les tireurs d'élite ont le temps de faire des ravages dans nos rangs.

- CINQ EST A TERRE !
- OH MON DIEU, TROIS EST A TERRE ! ILS SONT BEAUCOUP PLUS NOMBREUX QUE CE QUE NOUS CROYIONS !!!

Mon fusil à lunette fait merveille, et les snipers sont tous tombés de leurs tours, j'ôte la lunette de devant mon œil et risque un regard par dessus le rempart de béton qui consolide le remblai. Le chef court comme un beau diable, vers une mort certaine, suivi de Numéro Deux et Numéro Quatre. Le bras de Six est emporté par une rafale. Sept, en revanche, progresse prudemment et élimine efficacement 4 adversaires. Une dizaine d'ennemis déboule d'une rue à droite, loin devant le chef et ses hommes, et se dirige droit vers nous. J'avise plusieurs barils de carburant sur leur chemin, mais une explosion en chaîne réduirait l'assaut de notre petite escouade à néant : Un, Deux et Quatre sont sur la même rue que les défenseurs.

On ne s'occupe plus de moi, j'en profite pour faire un peu de ménage dans les environs de Sept qui, décidément, fait preuve d'une sacré dose de cran, seul sur le flanc droit.

De nouveau je colle l'œil à la lunette de mon fusil et surveille la progression des deux groupes qui engagent une discussion virile à moyenne distance. Lorsque numéro Un et Quatre sont foudroyés par la riposte Libertaire et que Deux se proclame meneur de l'assaut, je prends la décision difficile de faire exploser les bidons : le nouveau chef est presque au contact avec six hommes de la Liberté et il n'en a plus pour très longtemps.

Trois bidons remplis d'essence prennent feu et trois explosions se succèdent, réduisant au silence la fusillade. Il ne reste plus que Sept et moi ; lui contourne le bâtiment principal par la droite tandis que je prends à gauche. Il m'informe qu'il reste du monde à l'intérieur, qu'il a éliminé les deux gardes de l'entrée et qu'il pénètre plus avant dans le bâtiment. Je lui demande d'attendre mon arrivée pour prendre d'assaut l'étage supérieur, mais Sept ne m'écoute pas et affirme pouvoir prendre l'escalier seul.
Un échange de coups de feu retentit à l'intérieur du bâtiment et, arrivé à hauteur de la fenêtre du rez de chaussée, je vois le malheureux chuter dans l'escalier, blessé à mort.

Après une petite hésitation, je m'empare d'une grenade et la lance par la fenêtre du premier... vers la fenêtre... sur le rebord de la fenêtre ! Celle-ci rebondit et roule vers moi. D'un bond sur le côté je me mets à couvert derrière un muret, ce qui me sauve la vie, mais le souffle de l'explosion me fait tituber quelques secondes, le temps de dégoupiller une seconde grenade et de la lancer, cette fois-ci un peu plus fort, par la fenêtre à l'étage. Un point gris supplémentaire apparaît sur mon radar, et je décide de terminer l'assaut seul.

J'entre en trombe au rez-de-chaussée et fait un rapide contrôle à droite et à gauche. A droite, le gardien de ce qui semble être l'armurerie est étendu sans vie, Sept à ma gauche est mort, un peu plus loin un troisième cadavre gît. Retenant mon souffle, je commence à monter les marches qui mènent au premier. Rien sur le palier. Des gouttes de sueur commencent à me tomber devant les yeux alors que je passe l'angle de la cage d'escalier. Un cadavre est étendu sur le palier, je fais un bond sur le côté et aperçoit dans une petite pièce à gauche trois hommes de la Liberté qui semblent être aussi surpris que moi. Je vide mon dernier chargeur par l'ouverture de la porte et deux d'entre eux sont tués, mais alors que je m'apprête à reculer pour changer d'arme, le troisième sors avec un fusil à pompe à canon lisse et m'envoie une pleine décharge de plomb dans la poitrine. Mon fusil vole dans les airs, je pars à la renverse dans l'escalier et atterris sur le dos, foudroyé.

Tandis qu'un voile gris recouvre mes yeux et que j'entends l'homme qui s'avance pour m'achever, ma main tremblante accroche une grenade à ma ceinture et l'envoie rouler en haut des marches. Je perds connaissance.

Zone, prends ma vie. Je crois qu'il est temps, je suis fatigué, si fatigué.




Bilan :

Equipement

- Un stock de nourriture renouvelé.
- Une arme de poing améliorée
- Mon fusil à pompe amélioré à deux coups.
- Une petite mitraillette (la viper) avec un chargeur.
- Un Enfield L85A2 à recul réduit, avec lunette et silencieux, plus de munitions.
- Une combinaison de stalker assez polyvalente et truffée de plomb.
- Mon duvet
- 6 medkits, quelques bandages.
- 2 grenades offensives. 1 défensive.

Moments de stress

- Tout l'assaut, avec les balles qui partaient dans tous les sens et qui faisaient voler la terre, le béton et le bitume autour de moi.
- Mes alliés qui se font tous descendre, et moi qui continue pour la stupide envie de faire une razzia dans l'armurerie.

Moments chauds


- Je suis (presque) mort : 5 millimètres dans la barre de vie et une hémorragie sévère.

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