Deuxième partie : la Décharge.

Bien, nous y voilà. C'est le crépuscule mais finalement j'ai trop peur de dormir ici et tout seul. Il y a encore un peu de soleil, je vais progresser. Je passe une carcasse de voiture et tombe nez à nez avec des bandits qui font chier un pauvre type. Mon russe est bourré de lacunes et j'ai du mal à comprendre ce qui se joue, mais le gars me semble mal barré.
Pendant leur palabre qui commence à tourner au vinaigre, je repère l'armement des protagonistes, un des bandits possède un pistolet mitrailleur sur le dos, je vais m'en débarrasser en premier.

Sans sommation, je sors mon AK et lui pulvérise la tête en 2 balles, puis recule immédiatement derrière ce qui a été une voiture. Déconfit, derrière l'aile gauche du véhicule, j'observe le stalker s'effondrer sous les balles. Le pauvre gars a à peine eu le temps de dégainer qu'il mord la poussière.
Bon sang, je ne sais pas pour quelle raison il est mort, peut-être un bout de sauciflard, je regrette d'avoir tiré le premier.

Trêve de remords, c'est désormais moi la cible, mais après un court échange de coups de feu, je ramasse ce qui traîne et prends le large.

Un appel à l'aide. Des stalkers en difficulté dans ce qui semble être une casse, où personne n'ira jamais plus chercher de pièces détachées. Les seuls morceaux qui ont échappé à la rouille sont faits de viande, humaine pour la plupart.

Un type qui ressemble furieusement à Freddy Mercury élabore une stratégie plutôt sommaire, lorsque le guet nous annonce l'arrivée de nouveaux bandits. Je m'abstiens de toute remarque concernant la sexualité apparente du chef et son sens de la tactique. Au lieu de cela, je me mets en embuscade avec mes nouveaux compagnons décidément peu nombreux : trois hommes. A nous quatre, on pourrait s'appeler Queen.

A peine ai-je le temps de vider un chargeur et d'esquiver une grenade que le leader du groupe se fait truffer de plomb.
Un rapide regard circulaire m'apprend que les bandits surgissent de partout, qu'on a dû en abattre deux au plus, que notre groupe a splitté et que je suis en train d'entamer une carrière solo, face à une petite dizaine de groupies à cagoules.

Je recule derrière chaque véhicule et j'ai la faiblesse de croire qu'à moi seul j'ai une chance de les repousser. Ce n'est qu'une fois acculé dans le petit guichet de l'entrée, avec le menton et l'avant-bras posés sur le rebord, que les impacts de balle dans le métal de la cahute me convainquent de la vanité de ma résistance et de la précarité de mon existence.

Bref, je prends mes jambes à mon cou et décide de fuir la célébrité.

Encore agressé, cette fois-ci par le côté droit de la route d'où surgissent de nouveaux bandits, je fonce directement vers ce qui me paraît être une gare de campagne et tombe dans un véritable enfer :
Un homme gît à terre et implore mon aide, mon PDA s'affole et reçoit des SOS, des tirs fusent de part et d'autre de ce grand hangar.
J'esquive une anomalie de justesse au milieu de ce vacarme et entre dans le bâtiment déchiqueté. Guerre de territoire.

2012, l'humanité en est toujours là.

la nuit est maintenant tombée, tout est d'un noir d'encre et j'ai peur. Si repousser les bandits semble simple, tout se complique au fur et à mesure que les stalkers tombent. Je devais parler à un type ici, je n'ai même pas eu le temps d'apprendre son nom que sa mâchoire - tout ce qu'il restait de sa tête - s'écrase avec un bruit ignoble sur le béton. Je passe la pire nuit de toute ma vie.

Mon dieu, qui irradie aux cieux, mais qu'est-ce que je fous ici ? qu'est-ce que je fous dans ce bordel pourquoipourquoipourquoi je me bats contre des ombres dans le noir quelquechoseabougéjentendquelquechoseabougé !!

Mais alors que je suis seul, sur la rambarde à l'étage, je réalise que les bandits semblent remettre l'assaut au lendemain. Quitte à rejoindre les déchets, je préfère m'endormir et je descends une bouteille de vodka, pelotonné dans mon sac de couchage. Tant pis si les bandits reviennent, tant pis si un blowout se déclenche, de toute manière je n'aurais pas le temps de trouver un abri.
Il n'y a rien ici qu'obscurité et rouille. Le désespoir et la vodka me réservent un sommeil atroce, peuplé d'hélicoptères menaçants sur un ciel ensanglanté. Je me souviens de la scène d'ouverture du film Apocalypse Now.

Mais au réveil une bonne surprise m'attend, des Stalkers déjeunent dans le grand hall et m'offrent un morceau de pain. Ces gaillards-là ne partagent pas ma fatigue de la veille, ils exterminent purement et simplement les bandits revenants à la charge. Je descends le dernier et me dirige vers l'institut Agroprom avec une énorme dose d'appréhension. Le sang frais qui m'a aidé ce matin reste derrière moi, et je sens que devant, une difficile épreuve m'attend.
Je me sentirais tellement mieux si j'avais une lunette sur mon fusil...

Sidorovitch, j'espère sincèrement que tes tuyaux c'est pas du bidon.




Bilan :

Equipement

- De la bouffe que je commence à rationner.
- Une arme de poing améliorée
- Un fusil à pompe amélioré, avec pas mal de cartouches (salaire d'un boulot pour le gros)
- Une petite mitraillette (la viper) avec maintenant deux chargeurs.
- Une kalash de base avec près de 250 balles
- une veste de bandit améliorée avec une meilleure résistance aux impacts de balles.
- Mon duvet
- Quelques medkits, trop peu de bandages.
- 3 grenades : deux offensives, une à fragmentation.

Moments de stress

- Réaliser que tout le groupe de la casse est mort dès le début de l'assaut des bandits, alors que je suis avancé exprès pour les prendre à revers.
- L'anomalie près du grand bâtiment.
- Les deux militaires qui m'avaient coincé avec mon arsenal pitoyable



Moments chauds


- Ma résistance débile et de courte durée à la casse. J'entends encore les balles s'incruster dans le métal à côté de ma tête.
- La défense du gros bâtiment avec des hommes qui me tirent presque dans le dos et d'autres qui balancent des grenades à l'aveuglette, dans le noir absolu du bâtiment.

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