Dixième partie : Quelques jobs et la Vallée Obscure

- Hé, fainéant, bouge ton cul maint'nant et rapporte-moi des trucs intéressants. Ça fait maintenant un mois que tu sers à rien !

Ouais, okay, les affaires reprennent, je vois. Sacré barman, l'enflure, s'il savait comme j'ai dégusté pendant ses "soins"...
Il m'a même fait payer le prix fort pour la réparation de mon armure, heureusement que mes fonds étaient plutôt conséquents et que ce vautour n'a pas osé me dépouiller pendant ma convalescence.
Je reprends la route, mais cette fois-ci je m'occupe de petits boulots, histoire de renflouer les caisses... récupérer des affaires abandonnées par d'autres stalkers dans le feu de l'action, dénicher des artéfacts recherchés par le barman, tuer un pauvre type qui, de toute façon a complètement perdu la raison et vit au milieu des mutants...

...jusqu'à ce que j'arrive à me payer ceci :


Avec ça, je me sens plus en sécurité... ce qui n'est probablement pas une bonne chose.

Il est temps pour moi de reprendre le chemin du monolithe. D'après mes informateurs il faut tout d'abord que je passe par un laboratoire situé dans la Vallée Obscure, et fermé par deux clefs différentes. La première est dans les mains de chef d'une bande de brigands retranchés dans une ancienne usine.
Avec mon matériel flambant neuf, les déloger ne devrait pas poser trop de problème, je connais ces Caïds de la Zone, il sont mal équipés et encore plus mal organisés.

A mon arrivée dans la Vallée Obscure, au petit matin, j'assiste à une scène étrange : un homme du Devoir extorque des information à un bandit qui gît à terre et, satisfait, lui laisse la vie sauve. Il me jette un regard méfiant et me propose d'aider deux amis à lui qui ont été capturés par les malfrats. J'accepte, nourrissant l'espoir qu'un jour où l'autre un de mes nouveaux potes restera en vie assez longtemps pour parler de moi à ses supérieurs. A croire que je porte poisse...

Nous voilà en embuscade, d'un côté et de l'autre d'une route par laquelle doit transiter le premier captif, sous bonne garde. La bonne garde en question est pulvérisée par notre tir simultané, en une seconde, le gars du Devoir est de nouveau libre. C'est ça, mon pote, va clamer partout ta chance avant de te jeter dans la première anomalie qui traîne, ou dans les griffes d'un Snork.

Enfin bon, lorsque je leur fais part de mon intention de récupérer la première clef, ils tombent d'accord pour m'envoyer au passage libérer le second détenu. Pas un instant ils ne proposent de m'épauler, bah voyons !
Aujourd'hui le temps est particulièrement maussade, et mon humeur de même. Au nord, la silhouette de l'usine désaffectée émerge du brouillard et c'est sans hâte que je me dirige vers les bâtiments. J'ai troqué mon fusil High-tech contre ma vieille kalashnikov à cadence de tir améliorée, les munitions sont bien plus faciles à trouver dans cette partie de la Zone, et de toute façon, l'arme est maintenant munie d'une lunette.

Je me poste en hauteur sur une petite guérite jouxtant le bâtiment occupé par les bandits. Au passage, je remarque des fumerolles qui dansent à l'intérieur de la guérite, étrange... La façade de l'usine est salement amochée, probablement par d'anciens tirs de roquette lors d'un assaut aérien. Derrière les fenêtres, dans ma lunette, j'observe et compte les bandits qui se réveillent péniblement d'une longue nuit de beuverie. Ce matin, ce sera gueule de plomb pour tout le monde, c'est moi qui régale !

Un cris parfaitement répugnant efface instantanément le sourire narquois sur mon visage. Absorbé dans mon recensement à la lunette, je n'avais pas remarqué la nuée de bestioles qui se précipite vers mon perchoir.


Je suis totalement encerclé par ces sales bestioles, des rats bipèdes avec des dents acérées et qui essaient de sauter vers ma position. Tirer alerterait immédiatement les bandits, et je réalise que la situation commence à sentir mauvais.
Me reviennent alors en mémoire les étranges volutes à l'intérieur de la guérite sur laquelle je me trouve. Je sors une saucisse diététique de mon sac et, allongé sur le ventre, la jette par la fenêtre sur le sol de la cabane. La réaction ne se fait pas attendre et la meute affamée se jette à l'intérieur. Une brusque bouffée brûlante et des gargouillis confirment la présence d'une anomalie juste sous moi, une odeur de chair brûlée se répand dans l'air devenu bien chaud tout à coup.

Trois bestioles prennent la fuite, je suis de nouveau tranquille, mais mon humeur s'est encore assombrie. Un à un, je descends les bandits qui se trouvent derrière les fenêtres, dans les escaliers, ceux qui sortent de la cour connaissent le même sort. Un véritable carnage. Puis le silence.

Je pousse un soupir, fais craquer ma colonne vertébrale et saute sur le béton en contrebas. Je m'apprête à entrer histoire de saluer les survivants, lorsqu'un faible appel au secours se fait entendre dans un bâtiment sur ma droite. L'homme a dû entendre les coups de feu et les cris des bandits, et il a mis son PDA en position de signal de détresse. Suivant le point jaune qui clignote sur mon appareil, j'entre prudemment au rez de chaussée. Visiblement, le blessé se trouve au premier. Des tâches de sang maculent les murs de la petite habitation, des traînées rouges partent depuis l'entrée jusqu'à l'escalier. Mon AK reprend place sur mon dos et je sors de mon paquetage le fusil à pompe que je charge de huit cartouches explosives.

Je monte lentement l'escalier, à l'affut du moindre bruit, et j'aimerai que la princesse en détresse cesse de geindre. En haut des marches, je tombe sur un véritable charnier, un tas de cadavres, à moitié dévorés, écorchés, mutilés pour la plupart.
Je réprime un haut le cœur. Dans un coin de la pièce le survivant me fixe avec des yeux agrandis par la terreur. Le pauvre type est à bouts de nerfs, cela se lit sur son visage, déformé par une peur primitive.
Un rugissement épouvantable retentit dans mon dos et l'homme se met à hurler :
пиявка !
пиявка !
пиявка !
пиявка !

Bordel, mais qu'est ce qui se passe ici ?! je fais volte face et épaule dans la même seconde, mais il n'y a rien.

пиявка !
пиявка !пиявка !пиявка !пиявка ! пиявка ! пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !пиявка ! пиявкапиявкапиявкапиявкапиявкапиявка ...

TA GUEULE !! crie-je en vain. Le pauvre type a complètement disjoncté.
Mes yeux semble vouloir sortir de leurs orbites alors que je scrute l'obscurité, mes bras tremblent, mes genoux commencent à fléchir, mes testicules ne sont plus que deux noix sèches. Rien.
пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !
пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !
пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !пиявка !
Enfin, par dessus les battements de mon cœur et le sang qui pulse à mes oreilles, j'entends un souffle à seulement un ou deux mètres devant moi et, ne tenant plus, j'ouvre le feu. La puissance du shotgun est extraordinaire, mes nerfs et mes muscles ont eux-aussi lâché, et le recul m'envoie valser contre le mur. Adossé à celui-ci, je presse la détente et éclate d'un rire dément lorsque du sang arraché de nulle-part gicle sur la cloison en face de moi.

La chose s'écroule enfin avec un feulement rauque, j'enfonce encore trois cartouches dans mon arme et je réduits le crâne du monstre en bouillie. C'est vrai, je me souviens de quelques mots, je crois bien que Sangsue se dit пиявка en russe.

Cette fois-ci, je suis vraiment, vraiment en rogne. Je laisse le type déblatérer ses inepties dans son coin et descends l'escalier en rechargeant. Un premier bandit, attiré par les coups de feu, sort en courant d'entre les deux battants du portail, je l'étends d'un coup de fusil et défouraille mon Desert Eagle. Une balle siffle à mon oreille. Au bruit je repère le tireur dans l'encadrement d'une fenêtre et lui loge une balle entre les deux yeux. Un autre tente une roulade en surgissant d'une porte, celui-ci a dû regarder trop de films d'actions américains. Je le cueille avant le terme de son acrobatie. Au fur et à mesure de ma progression, les cadavres s'accumulent et les points gris recouvrent mon radar. Un seul, jaune, au milieu, me tire de ma mélancolie meurtrière et je reprends conscience d'où je suis, de ce que je fais ici.

Le prisonnier.

Le voilà face à moi, de l'autre côté des barreaux. Il semble partagé entre la joie de voir du secours et une certaine appréhension lorsqu'il croise mon regard.

-дверь ! (la porte !)
-задвижка (verrou !)

Voilà qu'il commence à m'énerve, celui-là.
Je tire une rafale dans le verrou qui résiste bien. Le bras du mec, lui, encaisse moins bien la balle qui a fait ricochet...
- буйный сумасшедший !!!!
- Do you speak English ?
- Yah ! Dont chout ! Zerrre, wall ! you press button, dumbass ! Button open dooRrr !
- Ah, okay !

Effectivement il y a un panneau de commande sur le mur. Je libère le type qui hésite à me dire merci et file rapidement.
Le chef des bandits fait la connaissance de mon shotgun. Enchanté. Me voici en possession de la première clef du laboratoire.

Journée pourrie dans la Zone, je vais stopper ici, nettoyer mes armes et me rappeler quelques souvenirs avant de dormir. Demain il fera jour, et j'irai au X18. Je crois que les événements de la journée ne sont qu'un avant-goût franchement dégueulasse de ce qui m'attend sous terre.


Bilan :

Equipement

- Un stock de nourriture qui se maintient.
- Mon Mossberg M500 (action shotgun), la classe américaine.
- Une petite mitraillette (la viper) avec plein de balles.
- Un GP37 avec le lance grenade qui va bien et le silencieux monté dessus.
- Le VSS Vintorez qui traîne dans un bâtiment de la Liberté.
- La combi universelle SEVA
- Mon duvet
- 12 medkits, pas mal de bandages.
- 6 grenades offensives. 10 défensives.

Moments de stress

- Le sauvetage du gars coincé par une sangsue, ptain je la connaissais pas cette quête !

Moments chauds


- Idem. En fait elle m'a touché une fois, j'ai quand même vidé mon fusil à pompe.
- Sinon le coup de la serrure, c'est vraiment ça sauf le ricochet bien sûr.

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