Sixième partie : le Bar

Je suis réveillé au son des notes égrenées par la guitare du ménestrel. Il est 9h30, voilà une petite grasse matinée qui contribue à me remettre d'aplomb. Un soleil magnifique brille déjà depuis plusieurs heures sur la Zone et les hommes du devoir me regardent avec un sourire moqueur aux lèvres.

Mais au diable les regards en coin et les rires complices, la douleur de mon épaule n'est plus qu'un vague souvenir. Je casse la croute, remballe soigneusement mes affaires et montre patte blanche au barrage avant de prendre la route du Bar.

Au détour d'un virage, j'aperçois à une petite centaine de mètres un stalker qui se promène sur l'asphalte commençant à chauffer au soleil.

Tiens, il promène son chien ?...

Ah non, le gamin n'est pas un ami des canidés, et ceux-là le lui rendent bien. Deux chiens bondissent d'un fossé et se jettent sur lui, les babines retroussées sur leurs rangées de dents pointues et plantées de travers. Il commence à se défendre et moi je commence à courir vers lui pour lui porter secours. C'est arrivé à quelques mètres que deux molosses jaillissent des buissons et me prennent en chasse. Je crie au stalker de cesser de tirer et de courir avec moi, mais il semble tétanisé par la peur et, les mains crispées sur son revolver désormais déchargé, il continue d'appuyer frénétiquement sur la détente...
clic clic clic.

La première barricade marquant l'enceinte du bar est juste derrière le fossé. Je franchis celui-ci en courant sur une large tôle posée en travers. Cette dernière a connu des jours meilleurs et, l'espace d'un instant, j'ai l'impression que mon pied va passer à travers. Sur mes talons je sens le souffle rageur des molosses. Ces deux-là chassent, les autres se contentent de tirer péniblement le cadavre du stalker dans l'herbe, pour aller le déguster tranquillement.

Les hommes du Devoir écarquillent les yeux à la vue de ma course effrénée et alors que je fais glisser le fusil de mon dos à mes mains sans cesser de courir dans leur direction, je crois voir sur leurs visages passer une expression d'incrédulité profonde.
Ce n'est que lorsqu'ils aperçoivent les chiens à mes trousses qu'il comprennent réellement ce qui se passe, je fais alors brusquement demi-tour et, appuyé par le feu nourri de l'avant-poste (qui manque de me couper en deux), j'aligne les sales clébards. Le premier vient s'effondrer au terme de sa course juste à mes pieds en poussant un râle plein de rage, tandis que le second, qui avait déjà bondi, répand ses entrailles au dessus de ma tête. La rafale lui fait décrire une courbe bien plus large que ce que le clebs avait prévu et un arc en ciel vermillon semble briller dans l'azur de cette splendide matinée .

Les couleurs chatoyantes de la Zone...

Devant l'air éberlué des gardes, je continue mon chemin, l'épaulière et le dos recouverts d'un sang épais de mutant. Je compte bien me débarrasser enfin de cette pelure immonde qui me sert d'armure depuis maintenant trop longtemps. Les roubles amassés chez Sido me serviront enfin à quelque chose, ici.

Un haut-parleur invite d'une voix presque enjouée les voyageurs à s'arrêter prendre un verre et discuter au 100 Rad Bar. Sur ces conseils sensés, j'avise l'entrée du rade et entre dans ce qui ressemble davantage à un bunker qu'à un bistrot.
Armes au fourreau obligatoires, mais alcool et jeux de cartes à foison. Un type défoncé vomit dans un coin, le videur me jette un regard de brute, la civilisation en progrès m'étonnera toujours.

Droit vers le comptoir, je commande un vrai Scotch. On the rocks s'il vous plaît. Le frigo derrière le Barman est en état de marche. Grand luxe. Je jauge d'après la bedaine épanouie de mon interlocuteur que celui-ci ne se refuse d'ailleurs pas grand chose. Après avoir pris l'apéro (okay, il n'est que 11h00...) et la température du coin, je commence à palabrer avec la clientèle et le taulier. Il me faut du fric et des boulots.

Dans un anglais plus qu'approximatif, le patron m'indique la suite des événements, je dois récupérer les deux parties d'une clef permettant d'ouvrir un certain laboratoire se trouvant dans la vallée obscure. Mouais, on verra plus tard, en attendant il me faut des bénéfices à court terme. Pas radin, le gros me passe une combinaison de stalker par dessus le zinc, une avance pour ce job - ou une précaution pour qu'il puisse être mené à terme ? Je lui refile en gage ma vieille pelure. Le pauvre type a l'air plus encombré qu'autre chose avec mes haillons pissant le sang sur son vieux parquet crasseux.


Il me faut un bon fusil. Après un verre ou deux, un stalker se décoince et me refile un contrat sur la tête d'un gars qui l'aurait doublé. Je compatis autant que je peux, lui tape sur l'épaule et promets d'en faire mon affaire moyennant quelques roubles bien sûr. Ledit traître aurait un arsenal intéressant d'après les dires du trahi.
Je partage mon repas avec un type du genre bavard, à qui je demande qui fait la loi ici. Le Devoir, j'aurais dû m'en douter, est très présent dans les territoires plus au Nord. Pour moi, c'est peut-être le moment de prêter allégeance... le temps que l'alliance serve mes intérêts.

Il est maintenant 13h00 et il est temps de me secouer les puces, je salue tout ce petit monde d'un signe de tête et repars en direction du Nord, vers les entrepôts militaires. Le soleil est plus vif que jamais, et je repousse le capuchon de ma nouvelle armure.



Bilan :

Equipement

- Un stock de nourriture renouvelé.
- Une arme de poing améliorée
- Mon fusil à pompe amélioré à deux coups.
- Une petite mitraillette (la viper) avec deux chargeurs.
- Un AKM personnalisé (cadence de tir améliorée) avec un seul chargeur.
- Une combinaison de stalker assez polyvalente.
- Mon duvet
- 6 medkits, (j'en ai trouvé pas mal dans la planque), quelques bandages.
- 4 grenades offensives. 3 défensives.

Moments de stress

- Aucun

Moments chauds


- Petit canicide.
- Le whisky à 11h00 après une grasse matinée.

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