Je n'ai pas le droit de perdre la raison. Je suis dorénavant tout près du Monolithe, et si j'y parviens complètement fou, je risque de faire un vœu... mais n'importe lequel.
Il fait frais ici, et les épaisses murailles du sarcophage de la centrale nucléaire étouffent presque le bruit des fusillades qui se déroulent à l'air libre. De temps à autre, un tir de roquette ou de mortier fait légèrement vibrer les parois de béton et de la poussière tombe du plafond en nuages scintillants dans la faisceau de ma torche.
Pourtant, c'est autre chose qui m'inquiète. Un bruit de vent irrégulier souffle en rafales, comme derrière mes tympans, et je m'imagine un instant être sujet à des acouphènes liés au traumatisme d'un combat précédent.
En attendant, j'ai sorti mes armes de mon sac : mon AK est accroché fermement sur celui-ci, à une sangle extérieure, afin de ne pas balloter. Mon fusil à pompe est en bandoulière, coincé derrière mon épaule et j'avance avec mon FN2000 à la main. J'ai perdu mon Vintar en chemin, je ne me souviens pourtant pas de l'avoir sorti de mon sac.
Ce dernier pue encore largement la Vodka puisque toute la toile du fond en est imbibée, mais les vapeurs d'alcool ont le mérite de me donner un coup de fouet et de me ramener à la réalité. Lorsque la vodka filtre jusqu'à l'estafilade de ma cuisse, je me sens carrément revenir de chez les morts.
Toujours ce bruit de vent insupportable.
Je passe un premier couloir qui donne sur un long tunnel plongé dans l'obscurité. J'allume mon amplificateur de lumière quand soudain une voix explose dans les catacombes de la centrale
IL Y EN A UN AUTRE
IL VIENT POUR MOI
Le bruit de vent s'arrête instantanément
Alors que je reste saisi d'épouvante, un autre discours monte d'entre les murs, provenant de toutes les directions en même temps :
- Vasiliev, la direction a perdu le contrô.... ale nucléaire, ce... raison suffisan...ener vos repoussantes expéri..ons !
- ...cartez-vous mainte... ou... ire !
- Non ! Non ! Vous ne pouvez pas ! Vous ...vez pas le droit !....
Le dialogue de ces voix fantomatiques se poursuit jusqu'à ce qu'un coup de feu y mette un terme. Un silence de plomb envahit alors le souterrain. Je n'entends plus que les battements de mon propre cœur et le sang qui afflue à mes tempes.
Puis, encore une autre voix :
- VIENS !
Bon, il doit y avoir un contrôleur quelque part sous la chape de béton du sarcophage, mais son appel est encore lointain. Je déglutis péniblement et commence l'investigation du couloir suivant.
Des ombres dansent sur les murs, révélant des pointes acérées qui en jaillissent comme les crocs d'un animal titanesque. L'impression de me retrouver dans un donjon ou une salle de torture de l'inquisition est très présente, et je dois être aussi terrifié qu'un condamné à la question.
Au fond du couloir, une petite source de lumière fait une tache sur ma vision nocturne. Bien trop régulière pour être un simple effet d'optique. Je tire une balle dessus à tout hasard. Presque sans un bruit (j'utilise un silencieux sur mon fusil), le tireur au bout du couloir s'effondre.
Je progresse jusqu'à l'adorateur du Monolithe qui se tord de douleur à terre. La balle lui a fait sauter une partie de la mâchoire, et le pauvre type gargouille dans son micro-oreillette. Je lui tranche la gorge d'un coup de couteau, mais ses potes doivent maintenant être sur leurs gardes, sans pourtant savoir exactement à quoi s'attendre.
En effet, un accueil chaleureux m'est réservé dans le tunnel jouxtant celui-ci, mais je congédie les convives d'une grenade 40mm et de quelques rafales bien placées. Tandis que j'essuie la riposte, adossé à l'encadrement de la porte, une sangsue apparaît dans le couloir précédent, et avance jusqu'à moi en encaissant les tirs de mon FM2000... qui s'enraye alors que la bête est à mi-chemin. Je jette l'arme à terre et d'un coup d'épaule envoie le fusil à pompe valser sur mon ventre. La sangsue a le temps de porter une baffe d'une puissance ahurissante sur le côté de ma tête avant que je fasse voler la sienne d'un tir à bout portant. Mon cuir chevelu se met immédiatement à saigner abondamment et des étoiles dansent devant mes yeux, mais le casque de ma combinaison a absorbé l'essentiel des dégâts.
Lorsque je me retourne, il n'y a plus personne dans le couloir suivant. Je poursuis donc mon chemin, mon compteur Geiger se mettant à crépiter.
C'est dans une salle envahie par les radiations que les hommes du Monolithe m'ont tendu leur ultime embuscade, mais l'un d'eux ayant oublié d'éteindre sa lampe frontale, je me suis arrêté avant. Deux à deux, arrachant les goupilles à toute volée, je jette le reste de mes grenades aux quatre coins de la salle - alors que mon fusil à pompe m'échappe et tombe au sol - et fait volte face dans le couloir avant les première déflagrations. Les cris de souffrance et les râles succèdent aux hurlements de panique et, lorsque je fais irruption dans le local, c'est un décor fait de restes humains éparpillés sur les murs et le sol qui m'attends. Plus de trace de mon Shotgun.
Plus loin j'aperçois un escalier dans lequel j'entends le pas précipité des survivants, mon compteur Geiger s'emballe encore. Je prends deux anti-rads et suis les fuyards.
Dans l'escalier, mon compteur Geiger passe dans le rouge et les derniers hommes en profitent pour m'assaillir, mais mon fidèle AK fait merveille. Trois corps dégringolent les deux étages avant de s'écraser au milieu de la cage d'escalier. Les lumières semblent s'éloigner, en haut.
Le combat est surréaliste, aucun des homme n'a prononcé un mot, les choses sont devenues si simples maintenant qu'il n'est plus besoin de langage. Je n'ai presque plus de munitions.
En haut de l'escalier, je vole un Groza OC-14 - qu'on appelle Tunder dans la Zone - à un cadavre et fouille les corps pour récupérer un chargeur et demi. Un passage plus large se dessine ensuite, avec une petite porte sur la droite et une autre au fond.
Alors que j'avance jaillissent trois nains difformes de la porte du fond, j'opte donc pour celle de droite, laquelle semble être un cul de sac. Affolé, je cherche une issue tandis que les trois monstres se rapprochent et mon bras heurte quelque chose qui ressemble à des barreaux de métal. Une échelle !
Je me précipite dessus et gravis les quelques échelons avant de me retrouver coincé par ce qui ressemble à un effondrement de béton et de sable. Ce n'est qu'en me débarrassant de mon sac à dos que je parviens à franchir l'obstacle. Les radiations sont toujours présentes, et je ne sais combien de temps je puis rester ici, mais deux autres échelles me permettent d'atteindre la surface où l'air est moins chargé.
En haut de la dernière échelle, je jette mon arme au sol puis, exténué, me hisse avec mes avants bras avant de relever la têt...
l
Darena !
Mon cerveau explose et mes sensations s'emballent, il me semble voir toute la salle comme un assemblage de figures géométrique ayant un sens précis.
Je dois grimper sur cette échelle, et passer sur cette poutrelle avant d'aller de bloc en bloc vers cette hauteur et de là, je pourrai atteindre... je-grimpe-sur-l'échelle-suis-la-poutrelle-métallique-qui-oscille-dangereusement-saute-sur les-blocs-de-béton...
JE PEUX ATTEINDRE LE l
J'ai réussi !
QUE
VEUX
TU ?
- Darena ! Je veux que ma fille aie ses deux jambes et que ses yeux soient ceux d'une enfant innocente ! Je veux annuler la malédiction qui s'est abattue sur ma progéniture et la souillure radioactive qui s'est infiltrée dans ma semence !
CE
SERA
FAIT,
STALKER...
Bilan :
Equipement
- Plus rien, j'ai terminé.
Moments de stress
- Tout le long, la moindre erreur est fatale avec les troupes d'élite du monolithe (fusil gauss, grenades, armures bien bourrines)...
- Le contrôleur immortel que je croyais voir dans le sarcophage... et qui ne s'y trouve pas.
Moments chauds
- La sangsue a bien failli m'avoir, concentré comme j'étais sur les fanatiques. En réalité elle est apparue dans le couloir devant moi et m'a fait cracher frénétiquement 5 ou 6 medkits dans l'affolement.
- Les trois nains. En fait j'ai pas du tout aimé ce niveau d'Oblivion Lost. Il y a trop de tout : trop de monstres, trop de bruits, trop de voix, trop d'effets graphiques. On a à la fois la voix du monolithe, celle de l'enregistrement d'une dispute, et tout les désagrément d'un contrôleur dans les parages. J'ai aussi l'impression qu'il y a plus de radiations, bref c'est la foire du trône, et les meutes de nains ont été le bouquet final (je ne les ai même pas affronté, comme dans le récit). Complètement hors du ton du reste du jeu, aucun moment "contemplatif", juste du pur bourrinage absurde.
Bref je déteste cette fin de jeu. C'est peut-être un peu pour ça que j'ai mis du temps à écrire ce passage.
Seizième partie : l
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