Quatrième partie : les souterrains de l'institut Agroprom

Mes mains tremblent alors que j'écris ces lignes... au bas de l'échelle je pensais trouver un peu de répit. J'en profitais pour faire le tris dans les armes que j'avais jetées à bas.
Pendant que j'examinais celles-ci, pourtant, il me sembla entendre un léger bruit venant d'un peu plus loin.

Immobile, la tête dressée et les oreilles à l'affut du moindre mouvement de l'air, je regardai vers le petit escalier descendant vers la droite.

Crouiii crouiiii crouiii, la petite lumière de sécurité tournait inlassablement sur elle-même au plafond, baignant le couloir par des vagues de lumière sanglante, seul bruit désormais audible.

croui croui croui

Plus rien, je gardai l'arme en meilleur état à la main et empaquetai l'AK que j'avais ramassé auparavant. A peine eus-je le temps d'emboîter un chargeur dans l'AKm qu'un bandit surgit en haut de l'escalier, accroupi, sa lampe frontale violant l'obscurité intermittente jusque devant moi.

Tétanisé, je vis le faisceau de sa lampe éclairer à quelques centimètres seulement de mes pieds. Levant le canon de mon nouveau fusil, j'alignai lentement sa tête avec mon viseur, comme à l'exercice. Après une seconde interminable ou je le sentis hésiter à poursuivre son investigation, je décidai que le temps de sortir mon pistolet à silencieux de son étui correspondait exactement au temps que j'allais mettre à passer de vie à trépas. J'appuyai donc sur la gâchette, priant les Hauts Irradiés que l'arme soit parfaitement fonctionnelle.

Le bruit assourdissant des trois balles qui partirent se répercuta de manière presque obscène sur les murs du tunnel. La lampe torche du bandit sembla flotter dans les airs, comme s'il son propriétaire avait voulu entrevoir le ciel à travers les quelques mètres de béton et de terre qui nous séparaient de la surface, avant de se briser en retombant.

Celui-ci avait eu son compte, mais déjà j'entendais ses copains s'affoler dans leur trou. Bon sang ! mais que venaient-ils faire ici, terrés comme des rats ? Avaient-ils déjà mis la main sur les documents de Strelok ?

Trois autres tombèrent en se jetant en haut des marches, alors que je reculai pour me fondre dans l'ombre. Lorsque tout se fût apaisé, je m'enfonçai encore un peu dans l'obscurité. Je brisai les ampoules faiblardes avec mon silencieux afin de ne laisser visible que l'ouverture de la pièce suivante, baignée d'une lumière jaune-orange totalement irréelle.
Je remis le pistolet dans son étui et repris mon AK en main.

J'étais dans le noir complet, ceux qui voudraient ma peau passeraient dans l'ouverture illuminée. Comme à la fête foraine, pigeons d'argile.

Quelques longues secondes s'écoulèrent, je sentais pourtant une présence dans cette seconde pièce et je pris la décision d'avancer centimètre par centimètre. Un pilier imposant se trouvait au cœur de ce lieu nimbé d'une lumière dont je n'arrivai pas à déterminer la provenance et je le contournais par la droite quand soudain le rond très clair d'une autre torche apparut sur le mur opposé. Je compris que ce que j'avais pris pour un pilier était en réalité une sorte d'ascenseur, il était donc creux et la source de lumière blanche venait de l'intérieur.

Contournant à pas de loup l'obstacle, retenant ma respiration, je vis se dessiner le canon d'une arme dépassant de la cage d'ascenseur. Hélas, voulant prendre une grenade que j'avais ramassée sur le corps de l'un des bandits, je vis la boucle de la goupille venir frapper doucement mon ceinturon.

ting

Le bandit surgit en face de moi, une rafale cribla le mur autour de ma tête, et je pris une balle dans l'épaule. Sous l'effet de la douleur et de la surprise je sprintai vers l'endroit d'où j'étais venu et me retournai en dégainant mon AK. Je logeai un chargeur entier dans le corps de l'importun. La douleur me fit m'effondrer, mais pendant les quelques secondes de conscience qu'il me restèrent, je parvins à ouvrir un kit médical et à me faire un bandage sommaire.

Il est maintenant 15h25, mais il pourrait tout aussi bien être 3 heures du matin dans ce lieu sinistre. Je viens de m'arracher à la contemplation malsaine d'une anomalie verte, me demandant quels en étaient les effets. Des visages familiers et grimaçants semblaient danser au milieu des remugles verdâtres et il a fallu un effort colossal pour m'éloigner de ces phénomènes hypnotiques.

Je ne veux pas aller plus loin, j'ai peur. A l'instant j'ai passé l'encadrement d'une porte et dans la grande salle bouillonnant des anomalies vertes j'ai vu quelque chose que je me refuse à nommer.
Scrutant les lieux avec mes jumelles, je cru en effet distinguer une silhouette penchée sur un homme malade, comme une vieille dame au chevet d'un mourant. Mais lorsque j'avançais pour dissiper le mystère de la scène, la vieille dame se retourna et m'offrit le spectacle d'une gueule aplatie et dont la bouche s'ouvrait sur un gouffre immonde.
Autour de ce trou béant, des tentacules se balançaient comme une barbe absurde, tout en dardant vers moi leurs extrémités menaçantes.

Et ce fut tout, l'apparition s'évanouit instantanément... avant qu'un hurlement rauque et lugubre se fasse entendre. Mes yeux exorbités virent deux points minuscules flotter dans l'air, deux piécettes d'argent brillant deux mètres au dessus du sol et fonçant droit sur moi.

Voilà maintenant cinq bonnes minutes que le monstre tourne dans la pièce, il a déjà massacré deux militaires attirés par les coups de feu qui m'ont échappés. Il est temps d'agir. Je sors délicatement de mon sac à dos un artefact ramassé sur la route et commence à l'activer par des gestes que seuls les stalkers connaissent. Au moment où la sphère lumineuse commence à me brûler les doigts je la jette dans un recoin que semble affectionner le monstre hideux.

Anomalyshot

Meurs ! Incohérence de la nature ! Fils dégénéré de la Zone ! Meurs MEURS ! meursmeursmeursmeursmeurs

Je suis couvert du sang de... l'animal ? Est-ce réellement un animal ? Bon sang, je dois sortir de là avant de perdre ce qu'il me reste de raison. Je fonce droit vers la planque de Strelok, allumant tout sur mon passage, deux militaires tombent. Je suis dans un brouillard de sueur, de sang et de larmes de terreur.

Je suis dans la planque, au moins il n'y a personne, mais des fantômes semblent hanter ces murs. Avec des frissons, sursautant à chaque bruit que je fais en fouillant les lieux, je déniche les infos de ma proie, sur une clef USB. J'échange au passage mon AK contre un modèle amélioré. Un ressort judicieusement tendu en augmente la cadence de tir.

La suite n'est qu'une courte succession de couloirs dans lesquels je sème encore quelques cadavres. Peu importe, je ne pense plus qu'à une chose : trouver la sortie et rejoindre l'air libre, la lumière du soleil ou de la lune. Une grenade éclate à quelques mètres de moi et ma vue se brouille davantage, je vois rouge et je charge avec rage.

Un escalier en spirale, deux âmes de plus pour la Zone, nourris-toi et grandis, étends-toi !

Ce couloir ne me dit rien qui vaille. Une des poches latérales de mon sac contient encore deux artefacts que je n'ai pas activés pour ma protection, je les manipule et forme deux anomalies pour garantir mes arrières, je dois dormir dans ce souterrain pour reprendre des forces, mentales comme physiques.
Mon intuition était la bonne, car lorsque j'avance dans le tunnel un grondement terrifiant se fait entendre dans mon dos avant que mes pièges ne se déclenchent et fassent exploser l'auteur du bruit.
Je ne sais ce que c'était. Assurément, rien d'humain. De loin, j'observe les débris avec mes jumelles, j'ai trop peur de m'approcher.


Bruits des os, cages thoraciques mises à nues, xylophones et percussions discordantes de la Zone

Je vais passer quelques heures à panser ma blessure et à dormir pour récupérer... de plus, quelque chose me dit que je ferais mieux de sortir de nuit de ce trou à rat, le bâtiment administratif dont m'a parlé le gros Sido est certainement bien gardé. Je règle mon réveil sur 00h30.

Bilan :

Equipement

- De la bouffe qui diminue. Avec le temps que j'ai passé ici et mon sommeil, j'ai dû taper dans mes reserves.
- Une arme de poing améliorée
- Mon fusil à pompe amélioré à deux coups.
- Une petite mitraillette (la viper) avec deux chargeurs.
- Un AKM personnalisé avec 10 chargeurs balles
- une veste de bandit améliorée avec une meilleure résistance aux impacts de balles.
- Mon duvet
- 8 medkits, (j'en ai trouvé pas mal dans la planque), quelques bandages.
- 4 grenades offensives.

Moments de stress

- Le bandit planqué
- Le monstre tentaculaire
- La pose des pièges, espérant que ça suffirait


Moments chauds


- Le bandit planqué qui m'a capté au bruit de mon changement d'arme.
- La course sanglante à travers les souterrains vers la sortie.
- la grenade qu'un militaire m'a fait rouler presque dans les pieds. Je l'ai pas entendu crier à cause de mes rafales. Là, sérieusement, j'ai failli y passer.

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